Apprendre à apprendre

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Notre méthode pédagogique s’inspire d’études neuroscientifiques liées à l’apprentissage et des outils qui en découlent. Dans cet article nous allons passer en revue quelques éléments de compréhension de ce que peuvent apporter les neurosciences et quelques outils que nous utilisons régulièrement. Cet article n’a pas de vocation à être une publication scientifique et n’est pas non plus exhaustif sur les outils disponibles mais simplement vous donner quelques clés pour apprendre à apprendre.

Plasticité cérébrale

Tout d‘abord l’efficacité de notre apprentissage à nous humain, repose et dépend beaucoup de la plasticité cérébrale de notre cerveau. Mémoriser une grande quantité d’information n’est pas toujours aisé. Nous avons tous dû, à différents moments de notre vie, mémoriser une multitude de choses pour un examen ou une réunion. Et nous avons tous constaté que le jour J, une partie de ce que nous avons tenté de mémoriser avait disparu.

Alors, comment faire pour mémoriser une grande quantité d’information et les exploiter facilement quand nous en avons besoin ?
Pour y parvenir, nous devons mémoriser efficacement ! Malheureusement, il n’existe aucun moyen magique pour mémoriser sans effort. Néanmoins il y a quand même une bonne nouvelle, les apports des sciences cognitives nous permettent de comprendre comment nos cerveaux fonctionnent et avec ce mode d’emploi, il nous est plus aisé de l’utiliser efficacement, ou, en tout cas, d’essayer.

Avez-vous pris votre DOSE ?

Loretta Breuning, professeur émérite de management à l’Université d’Etat de Californie, écrit dans son livre Nos Hormones du Bonheur en Lumière que certaines hormones humaines ont pour objectif d’augmenter nos chances de survie. Ces hormones sont dites “du bonheur” parce qu’elles sont accompagnées de sensations et d’émotions agréables. Elle liste quatre hormones :

la Dopamine (la réussite et la récompense)

La dopamine a aidé nos ancêtres à survivre en leur permettant de gérer de manière efficace leurs réserves d’énergie. Nos ancêtres cherchaient leur nourriture en se déplaçant lentement jusqu’à ce qu’ils trouvent quelque chose d’intéressant. Ce processus de “je cherche pour trouver quelque chose qui me permet de survivre” ponctué d’une découverte pertinente est à l’origine de la sécrétion de dopamine et donne le signal de départ pour se lancer dans l’action.
La dopamine a un double rôle. Elle provoque une sensation agréable grâce à la libération d’énergie, mais elle permet aussi de stocker l’information qui mène de nouveau à cette sensation agréable dans le futur.
C’est l’espoir de la récompense qui est à l’origine de la libération de dopamine dans le cadre d’un mécanisme “je cherche-je trouve”.

l’Ocytocine (la confiance et l’amour)

L’attachement est inhérent à l’état de mammifère (oui, car nous sommes des mammifères). Chaque sécrétion d’ocytocine relie tous les neurones qui sont activés à ce moment-là. Nous associons cette sensation de bien-être à ceux qui nous entourent, de cette façon, l’attachement se crée.

la Sérotonine (le respect et la prédominance sociale)

Loretta Breuning fait le lien entre la sérotonine et le fait d’obtenir le respect d’autrui. Elle rappelle que, chez les mammifères, la sérotonine s’apparente au sentiment de paix ressenti lorsque nous nous trouvons en sécurité pour nous nourrir ou obtenir d’autres ressources nécessaires à la survie (par exemple une compagne).

les Endorphines (réaction physique)

La douleur physique est ce qui libère l’endorphine. Loretta Breuning écrit que l’endorphine masque la douleur pendant un court moment, ce qui contribue à la survie en permettant de se mettre à l’abri.
Un des eceuils est que pour obtenir cette sensation agréable, certaines personnes aillent au-delà de leurs limites.

Ainsi, une fois que l’on comprend les mécanismes et fonctions de ces hormones, il est possible de se créer de nouvelles habitudes pour en tirer parti. Loretta Breuning, développe dans son livre comment construire ces nouvelles habitudes.

4 règles simples pour mieux apprendre

  • bien comprendre : il faut comprendre le sens de ce que vous apprenez,
  • trouver sa place : il faut évoluer dans un environnement de confiance et avoir une motivation,
  • croire en ses capacités : il faut que vous croyiez un minimum en vous, raisonner en étapes peut vous y aider,
  • utiliser un outillage adapté : certains outils vous aide à apprendre comme le mind map, les flash cards, le lapbook ou encore le sketchoting.

Savoir qui je suis

Somme toute, connaître le fonctionnement de son cerveau suffit-il à être un meilleur apprenant ? Évidemment pas, il faut avant tout se connaître pour mieux apprendre. Si notre capacité d’humain à apprendre est innée et le fruit de plusieurs millénaires d’évolution, notre façon et notre méthode d’apprentissage ne l’est pas. Le “savoir apprendre”, qui favorise la réussite et mène à une véritable autonomie, est une compétence complexe qui nécessite d’apprendre une méthode d’apprentissage qui nous correspond.
Il faut donc commencer par se connaître, pour utiliser la méthode qui sera efficace pour nous même.

Ci-dessous, quelques outils pour vous permettre de mieux vous connaître :

Qui suis-je :

Finalement, comment mieux se connaître et répondre à cette question : qui suis-je ? Il y a de nombreuses facettes à prendre en compte pour répondre à cette question, l’unes d’elle sont les motivateurs intrinsèques.

Savoir ce qui nous motive nous offre la possibilité de faire des choix d’activités, de métier, de formation pour nous renforcer. Les motivateurs évoluent au fil du temps, il est important de s’évaluer régulièrement.

Inventé par le fondateur du Management 3.0, Jurgen Appelo, le jeu Moving Motivators est un exercice destiné à nous aider à réfléchir sur la motivation intrinsèque et la manière dont elle affecte le changement. L’exercice est basé sur dix désirs intrinsèques, que Jurgen a tirés des œuvres de Daniel Pink, Steven Reiss et Edward Deci.

Nous utilisons ce jeu dans plusieurs cas de figure. Le premier est le coaching individuel, en introduction au coaching nous animons avec la personne un exercice. Le bénéfice lors d’un accompagnement est très grand, cela nous permet de découvrir la personne au travers de ses motivateurs.
La seconde est en formation, réaliser le jeu en groupe est tout aussi intéressant, même si l’on ne traite pas le même niveau d’information, en groupe nous restons plutôt général, alors qu’en individuel nous pouvons aller plus loin.

Maxime Robache a créé une évolution de ce jeu qui est disponible ici.

MBTI :

Le “Myers Briggs type indicator” (ou MBTI ) est le test psychologique le plus utilisé au monde. Il vous permet de vous situer parmi 16 types de personnalité, et aide à s’orienter ou à améliorer ses relations aux autres.

En définitive, ce test, mis au point par une Américaine (Isabelle Briggs-Myers) à partir des travaux du célèbre psychiatre Carl Gustav Jung, est à la fois très sérieux et très simple. Il suffit de repérer ce qui est pour vous le plus spontané au cours des 4 “processus mentaux” suivants :

  1. Où puisez-vous votre énergie : dans votre univers intérieur (introversion “I”), ou à partir de l’environnement extérieur (extraversion “E”) ?
  2. Comment recueillez-vous l’information : par vos 5 sens (la sensation “S”), ou en vous confiant à votre “6ème sens” (l’intuition “N”) ?
  3. Qu’est-ce qui entraîne votre décision : le raisonnement logique (la pensée / think ou “T”), ou vos valeurs (sentiment/ feel ou “F”) ?
  4. De quelle manière vous lancez-vous dans l’action : en échafaudant des plans (jugement “J”), ou en vous adaptant aux circonstances (perception “P”) ?

Enfin, vos réponses se synthétisent en 4 lettres qui, mises bout à bout, constituent votre type MBTI : INFP, ou ESTJ, ou INTJ, etc. Il y a 16 résultats possibles.

Par ailleurs vous pouvez passer le test gratuit après une centaine de questions vous obtiendrez votre profil de personnalité.

Personal map :

Une image vaut 1000 mots, oui du Confusius ! Au passage je vous invite à lire ce billet sur cette formule : https://epistoire.fr/non-une-image-ne-vaut-pas-mille-mots/

Toutefois, en couchant sur du papier votre map personnelle, vous allez entrer dans une forme d’auto-analyse de la représentation que vous avez de vous même. Votre map parlera beaucoup plus que tous les CVs et lettre de motivation que vous avez pu écrire. Elle est l’image de qui vous êtes à l’instant T. De plus, en la réalisant, vous allez sûrement apprendre beaucoup de vous-même.

La réalisation est très simple, quelques feutres, une feuille en A3 (ou plus grand) et une bonne dose de vous-même. Il y a de nombreux articles sur le web, mais celui que je vous invite à lire est celui de son créateur Jurgen Apelo qui l’a intégrée dans sa méthode “management 3.0”.

La carte heuristique :

Au début des années 70, Tony Buzan, un psychologue britannique, à la suite de ses recherches sur la mémoire, le cerveau et l‘apprentissage a créé le une méthode d’organisation des idées, sous forme de dessin : la carte heuristique. C‘est un graphique représentant des idées, des tâches, des mots, des concepts qui sont liés entre eux autour d’un sujet central. Il s’agit d’une représentation non-linéaire qui permet d’organiser ses idées de façon intuitive autour d’un noyau central. Elle est également connue sous le nom de “Mind Mapping” ou “carte mentale”.

L‘organisation de cette carte rompt avec les hiérarchies linéaires. De ce fait, elle suit la façon qu‘a notre cerveau de fonctionner.

Ainsi, l‘intérêt de la carte heuristique est de pouvoir transformer une longue liste de tâches monotones en une représentation graphique colorée, attractive et structurée, plus facilement mémorisable et proposant une organisation claire de ses idées.

Par ailleurs, elle est un outil extrêmement efficace d’extraction et de mémorisation des informations. C’est une méthode créative et logique pour prendre des notes et consigner des idées, qui consiste littéralement à “cartographier” votre réflexion sur un thème.

Quelques usages

Les usages d‘une carte heuristique sont multiples :

  • faire un brainstorming,
  • ordonner et organiser ses idées,
  • apprendre et faire apprendre une leçon,
  • réaliser des classifications,
  • etc..

Il existe de nombreux outils pour créer votre carte, le site mescartesmentales.fr en a listé un grand nombre pour vous aider à choisir votre outil. Peu importe l’outil que vous utiliserez, ce qui est important, c‘est de pouvoir consulter et enrichir vos cartes heuristiques rapidement et simplement. Moi j’utilise l’outil AYOA qui offre la consultation et la modification de mes cartes sur tous mes devices. Il propose également de nombreux formats de cartes, comme le “Radial Maps” que j’aime beaucoup. Récemment j’ai commencé à utiliser One Note qui fonctionne très bien avec une tablette et un stylet.

Ces cartes font partie de notre méthode pédagogique. Nous les utilisons couplées à l‘intelligence collective pour ancrer les connaissances chez nos stagiaires au cours de la formation.

Le VAKOG :

Tout apprentissage est une transformation profonde, il faut changer pour apprendre et on change en apprenant. En se connaissant mieux, nous pouvons démultiplier nos capacités d’apprentissage, notamment en identifiant nos canaux d’acquisition sensoriels.

Ainsi, à la lumière des travaux de la psychologie cognitive et des neurosciences, s’est dégagée une nouvelle conception de l’apprentissage, centrée sur l’apprenant. Basée sur les théories de l’activité, où l’action, la réflexion, et la collaboration avec autrui sont les conditions essentielles à l’efficacité de l’apprentissage. Cette conception s’appuie sur notre fonctionnement biologique, cognitif, affectif, et notre nature essentiellement sociale, tout en respectant les multiples différences individuelles. Mettant au premier plan le rôle actif de l’apprenant et le contrôle qui doit lui être laissé sur sa formation. Les méthodes en pédagogie active en sont une preuve.

Une idée pas si nouvelle

Les neurosciences ont pris beaucoup d’importance dans le paysage médiatique depuis le développement des techniques de neuro-imagerie (IRMf, MEG, EEG, imagerie optique…). L’idée selon laquelle l’Éducation et l’apprentissage auraient beaucoup à prendre dans les résultats des neurosciences est presque évidente aujourd‘hui. Et pourtant, c‘est une idée ancienne, Donald Hebb en parlait en 1949 dans “The Organization of Behavior”.

En remontant encore un peu dans le temps, Confucius disait : “J‘entends et j‘oublie; je vois et je me souviens; je fais et je comprends”. 14 siècles plus tard, la science moderne confirme bien que dans de nombreux cas c’est ainsi que notre cerveau fonctionne, à savoir :

  • 80% de ce que l’on écoute est perdu,
  • 30% de ce que l’on voit est retenu,
  • 90% de ce que l’on fait est mémorisé.

Cependant, est-ce vrai pour tout le monde ? L’intérêt de se tester pour le savoir est très élevé.
En amont de nos formations, nous demandons à nos stagiaires d’identifier leurs canaux d’acquisition et de nous communiquer le résultat (qui reste confidentiel). Cette démarche permet au stagiaire de commencer à apprendre sur lui avant la session de formation, et permet au formateur de créer un premier échange avec le stagiaire. Cette information permet aussi à nos formateurs d‘organiser la formation pour maximiser l‘apprentissage des stagiaires, et donc de rentabiliser leur investissement.

En synthèse

Bien se connaître est la clé pour mieux apprendre, il existe de nombreux outils et méthodes pour vous permettre d’accroître votre capacité d’apprentissage. Tous ces outils ne valent rien si vous ne vous les appropriez pas.

Le plus important est que vous aimiez ce que vous faites, c’est la source la plus importante d’épanouissement et d’apprentissage.